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CHAPITRE XLII.


Diodore de Sicile.


Diodore, né à Argyrium en Sicile, a compilé, sous le titre de Bibliothèque historique, une histoire universelle en quarante livres. Il avait voyagé dans une grande partie de l’Europe et de l’Asie, il avait visité l’Égypte, et il n’avait rien négligé pour ramasser partout des matériaux utiles. Mais il n’a pas su coordonner ces matériaux et en former un tout harmonieux. Sa préface, où il expose en fort bons termes les devoirs de l’historien, n’est, comme on l’a remarqué, que la brillante façade d’un médiocre édifice. Diodore est ordinairement ennuyeux. Il écrit simplement, mais sans chaleur, sans intérêt. Pourtant Diodore a eu des fanatiques. Henri Estienne, le premier éditeur de la Bibliothèque historique, va jusqu’à dire que Diodore brille parmi tous les historiens anciens que nous connaissons, comme le soleil parmi les astres. En revanche, la plupart des critiques parlent de Diodore avec un souverain mépris. L’abbé Terrasson, qui l’a traduit en français, le traitait d’inepte et de pis encore. Il disait à ses amis : « Je traduis Diodore dans toute sa turpitude. »

Diodore n’est pas un grand écrivain ; ce n’est pas non plus un penseur profond ; ce n’est même pas toujours une autorité à laquelle on puisse se fier sans réserve. On a constaté, dans la Bibliothèque historique, d’assez nombreuses erreurs de faits et de dates. Diodore est inférieur non-seulement à Hérodote et à Thucydide, mais à Denys même. Ce n’est pas dire qu’il soit sans mérite. Il a pour nous un mérite tout particulier, c’est d’avoir été un compilateur consciencieux. Si l’on considère son ouvrage non point proprement comme une histoire, mais seulement comme une collection de documents historiques, c’est un des plus précieux monuments de l’antiquité ; car ce qu’on retrouve, sous Diodore, ce sont des textes empruntés à une foule d’historiens, dont les écrits n’existent plus, tels que Hécatée, Ctésias, Philistus et bien d’autres. C’est donc une véritable bibliothèque historique ; et l’ouvrage, sous ce rapport, n’est pas trop indigne de son titre. Nous possédons les cinq premiers livres, qui traitent de l’Égypte, de l’Assyrie et des premiers temps de la Grèce, et dix autres