Page:Pierron - Histoire de la littérature grecque, 1875.djvu/510

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
498
CHAPITRE XL.

ces vives expressions. Mais il n’a guère fait que fouiller dans sa mémoire. C’est Homère, c’est Hésiode, c’est Eschyle, qu’il faut saluer au passage, en lisant ces vers. Rhianus n’y est que pour l’arrangement, et pour quelques ornements de mauvais goût.


Aratus.


Le poëme d’Aratus, intitulé Phénomènes et Pronostics, a eu l’honneur d’être imité en vers latins, d’abord par Cicéron, puis par Germanicus. L’homme qui a écrit ce poëme était un savant universel, médecin, mathématicien, critique, etc. On s’en aperçoit en le lisant. Il a très-exactement résumé ce qu’on savait alors et sur l’apparition et la disparition des astres, et sur les signes naturels qui permettent de pronostiquer le beau ou le mauvais temps ; il a même écrit en bon style, et ses vers sont généralement bien tournés et suffisamment simples. Mais il a oublié un peu trop que ce n’est pas là toute la poésie, je dis toute la poésie didactique ; et il est réglé sec et ennuyeux, en dépit de ses mérites, et malgré certains passages qui ne sont pas sans éclat. Comment en effet un poëte, même mieux doué qu’Aratus, eût-il pu, captiver le lecteur en s’interdisant tout mouvement, toute variété ; en s’abstenant de peindre l’homme, de le faire parler, ou d’exprimer tout au moins des sentiments qui répondissent, dans notre cœur, à ces fibres par quoi nous-mêmes nous nous sentons hommes ? Aratus n’a donc fait, peu s’en faut, qu’un manuel scientifique versifié, et non pas proprement une épopée didactique, un poëme qui rappelle les Oeuvres et Jours. Il parait que les Phénomènes étaient le plus estimé dé tous les ouvrages composés par Aratus, soit en prose, soit en vers. Aratus était né dans les premières années du troisième siècle, à Soles en Cilicie ; et il passa de longues années, à la cour d’Antigonus Gonatas, roi de Macédoine.


Euphorion de Chalcis.


Euphorion de Chalcis, qui fut bibliothécaire d’Antiochus le Grand, était un érudit et un poëte : Quintilien se contente,