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DEUX PHILOSOPHES POËTES.

« Salut à toi, le plus glorieux des immortels, être qu’on adore sous mille noms, Jupiter éternellement tout-puissant ; à toi, maître de la nature ; à toi, qui gouvernes avec loi toutes choses ! C’est le devoir de tout mortel de t’adresser sa prière ; car c’est de toi que nous sommes nés, et c’est toi qui nous as doués du don de la parole, seuls entre tous les êtres qui vivent et rampent sur la terre. A toi donc mes louanges, à toi l’éternel hommage de mes chants ! Ce monde immense, qui roule autour de la terre, conforme à ton gré ses mouvements, et obéit sans murmure à tes ordres. C’est que tu tiens dans tes invincibles mains l’instrument de ta volonté, la foudre au double trait acéré, l’arme enflammée et toujours vivante ; car tout, dans la nature, frissonne à ses coups retentissants. Avec elle tu règles l’action de la raison universelle qui circule à travers tous les êtres, et qui se mêle aux grands comme aux petits flambeaux du monde. Roi suprême de l’univers, ton empire s’étend sur toutes choses. Rien sur la terre, dieu bienfaisant, ne s’accomplit sans toi, rien dans le ciel éthéré et divin, rien dans la mer ; rien, hormis les crimes que commettent les méchants par leur folie… Jupiter, auteur de tous biens, dieu que cachent les sombres nuages, maître du tonnerre, retire les hommes de leur funeste ignorance ; dissipe les ténèbres de leur âme, ô notre père ! et donne-leur de comprendre la pensée qui te sert à gouverner le monde avec justice. Alors nous te rendrons en hommages le prix de tes bienfaits, célébrant sans cesse tes œuvres, comme c’est le devoir de tout mortel ; car il n’est pas de plus noble prérogative, et pour les mortels et pour les dieux, que de chanter éternellement, par de dignes accents, la loi commune de tous les êtres. »