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CHAPITRE XXXV. COMÉDIE MOYENNE.

Les poëtes savaient pourtant trouver des ressources, et charmer leur public. Ils ont même été d’une fécondité prodigieuse. Athénée affirme avoir lu, pour sa part, huit cents pièces de la moyenne Comédie. M. Egger détermine avec précision quelques-uns des secrets de la pratique des successeurs d’Aristophane. On aimait les énigmes : le théâtre donnait des énigmes à discuter et à débrouiller. On détestait les Macédoniens : le théâtre mettait en scène le soldat fanfaron. Les courtisanes fournissaient une abondante matière. Il y avait aussi l’éternelle question des misères du mariage : « Trois fois malheur, disait un personnage d’Eubulus, trois fois malheur à celui qui fut le second des maris ! Je plains encore le premier : il ne savait pas quel fléau c’est qu’une femme. Mais le second savait là-dessus à quoi s’en tenir. » Le même poëte nous fournit un dialogue où sont énumérées les femmes célèbres par leur méchanceté. A Médée l’interlocuteur oppose Pénélope ; à Clytemnestre, Alceste ; mais à Phèdre il n’oppose aucun nom connu, ayant épuisé la liste des femmes vertueuses.

La gastronomie et tout ce qui s’y rattache, voilà un sujet qui reparaît sans cesse : « Sur ce thème, dit M. Egger, pourtant bien banal, des mœurs athéniennes, rien n’est plus piquant que les descriptions et les tableaux qui abondent dans la Comédie moyenne. Ici, des scènes de marché : l’orgueil et la fourbe des poissonniers ; les convoitises de l’honnête citoyen, ou du paresseux sans argent, qui s’extasie, le ventre vide, devant les friandises qu’il ne peut acheter. Là, des scènes d’intérieur : un parasite qui raconte les origines de sa profession, la faisant remonter jusqu’aux lois de Solon et jusqu’aux exemples des dieux ; un cuisinier qui expose avec emphase les secrets de son art et la haute influence de la cuisine sur les affaires humaines. »

On peut compléter ce que nous apprennent les fragments de la Comédie moyenne, par quelques conjectures qui se présentent d’elles-mêmes à l’esprit. Ainsi, il est probable que beaucoup de poëtes suivirent l’exemple qu’avait donné Aristophane, et qu’ils dialoguèrent des allégories morales assez semblables au Plutus. Quelques-uns durent s’en tenir à des