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HISTORIENS DU QUATRIÈME SIÈCLE AVANT J. C.


Éphore.


Éphore de Cymé, disciple aussi d’Isocrate, et écrivain non moins prétentieux que Théopompe, avait embrassé dans un seul corps d’ouvrage toutes les annales de la Grèce, depuis le retour des Héraclides jusqu’au milieu du quatrième siècle. L’honnête Plutarque, après avoir blâmé, dans la Vie de Dion, les imputations calomnieuses dont un écrivain passionné flétrissait la mémoire de Philistus, ajoute ces paroles, qui prouvent qu’Éphore historien était resté un sophiste, et un sophiste de la pire espèce : « Éphore ne se montre guère plus sage dans les louanges qu’il donne à Philistus. Car, bien qu’il soit le plus habile des écrivains pour colorer de prétextes spécieux les actions mêmes les plus injustes, pour donner à des mœurs dépravées des motifs raisonnables, et pour trouver des discours capables d’en imposer, néanmoins il ne détruira jamais l’idée qu’on a de Philistus, le plus décidé partisan de la tyrannie, l’homme qui a le plus admiré et recherché la pompe, la puissance, les richesses, et les alliances avec les tyrans. » Il faut dire cependant qu’Éphore avait quelques-unes des qualités du véritable historien. Polybe, qui lui reprochait beaucoup d’erreurs, reconnaît qu’il s’était enquis avec soin de l’origine des villes, et que personne n’avait mieux que lui débrouillé les migrations des peuples. Polybe lui accorde de profondes connaissances dans les choses qui concernent la marine et les guerres navales, mais lui refuse une compétence suffisante dans la stratégie. Enfin il cite quelque part un mot d’Éphore, qui semble prouver chez cet historien un certain amour de la vérité et de l’exactitude : « S’il était possible d’assister à la fois à tous les événements, cette manière de connaître l’emporterait sur toutes les autres. » Celui qui parlait ainsi devait être difficile dans l’examen des témoignages.

Un grand nombre d’hommes avaient rédigé, dans le quatrième siècle, des ouvrages du genre historique. Mais ceux dont je viens de parler sont les seuls dont les noms soient parvenus à quelque notoriété littéraire. Presque tous les autres nous sont à peu près complètement inconnus ; et beau-