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CHAPITRE XXXII.


Dinarque.


Dinarque de Corinthe, né vers l’an 360, s’établit à Athènes à l’époque où Alexandre passa en Asie, et y devint un des chefs du parti macédonien. Il se fit un renom comme orateur, et il fut un des ennemis les plus acharnés de Démosthène. Plus tard, il eut l’honneur d’être compté au nombre des amis de Phocion, et de périr comme lui victime de Polysperchon, l’indigne tuteur des enfants d’Alexandre. Il nous reste de Dinarque trois discours d’accusation, dont le plus remarquable est celui qu’il prononça devant le peuple athénien contre Démosthène, et dont nous dirons un mot plus tard. Dinarque est véhément et passionné, et son style n’est pas sans couleur et sans force. Aussi les Alexandrins l’ont-ils placé dans la liste des orateurs classiques, avec tous ceux dont j’ai déjà parlé dans ce chapitre.


Alcidamas. — Hégésippus.


Il y a quelques autres noms qui méritent d’être mentionnés ici, encore que nous ne cherchions nullement à dresser le catalogue de tous les hommes qui ont porté, au quatrième siècle, le titre d’orateurs. Tel est Alcidamas d’Élée en Éolide, disciple de Gorgias, et orateur ou plutôt sophiste à la façon d’Isocrate. Nous avons de lui deux harangues d’école, écrites sans trop de prétention. Tel est Hégésippus, qui travailla avec talent à la même œuvre que Lycurgue et Hypéride. Quelques-uns lui attribuent la harangue sur l’Halonèse, morceau assez médiocre et entaché de mauvais goût. Mais Plutarque, dans les Apophthegmes, cite un mot de lui qui vaut mieux que cette harangue, et qui prouve qu’Hégésippus était un homme de cœur, et capable d’atteindre à la vraie éloquence. Un jour, qu’il parlait avec force contre Philippe, un Athénien l’interrompit en s’écriant : « Mais c’est la guerre que tu proposes ! — Oui, par Jupiter ! dit Hégésippus ; et je veux, de plus, des deuils, des enterrements publics, des éloges funèbres, en un mot tout ce qui doit nous rendre libres et repousser de nos têtes le joug macédonien. »