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ORATEURS DU QUATRIÈME SIÈCLE AV. J. C.

n’était pas seulement le plus illustre des maîtres de la jeunesse ; c’était un homme d’État, un publiciste pour mieux dire, un personnage considérable, et dont la parole écrite avait l’importance et l’effet de celle même qui tombait enflammée du haut de la tribune du Pnyx. On connaît Isocrate, quand on a lu le discours sur l’Antidosis. On le connaît d’autant mieux qu’il y cite textuellement des morceaux de ses principaux ouvrages, et d’assez longs, et de ceux qui le satisfaisaient le plus lui-même. M. Havet n’a rien hasardé en disant qu’Isocrate est là tout entier. Il y a encore autre chose dans ce discours. Il y a l’impression d’un contemporain sur l’état des esprits à Athènes au milieu du quatrième siècle ; il y a des détails curieux sur une foule de choses jusqu’à présent peu connues, de véritables bonnes fortunes pour l’érudition ; il y a des témoignages d’une haute valeur sur les hommes du temps ; et Timothée, dont Isocrate fait un si beau portrait, ne sera pas peu redevable à la mise en lumière du discours sur l’Antidosis.

On n’avait autrefois que l’exorde et la péroraison de ce plaidoyer : c’est tout ce qu’Auger a pu traduire. Un Grec de Corfou, André Moustoxydis, retrouva en Italie, il y a une cinquantaine d’années, le corps entier du discours, qui est un des plus longs qu’il y ait, même en ne tenant pas compte des citations textuelles du Panégyrique et des autres ouvrages que nous possédons. Personne n’avait jamais traduit en notre langue les pages publiées par Moustoxydis. C’est donc à juste titre que M. Navet revendique pour le traducteur du plaidoyer complet le droit d’écrire, en tête de son travail, traduit en français pour la première fois. C’est même à cette circonstance que nous devons d’avoir le discours sur l’Antidosis non pas dans un volume quelconque, mais dans une de ces merveilles de typographie comme en produit l’Imprimerie impériale : beau papier, justification élégante, types admirables, irréprochable correction. Il fallait une traduction princeps pour mériter ces honneurs.

Auguste Cartelier, à qui nous la devons, était un professeur de l’Université, mort il y a quelques années dans la force de l’âge. M. Ernest Havet reproduit, en tête du volume,