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CHAPITRE XXX. PLATON.

d’Athènes ; ainsi le cordonnier Simon ; ainsi Eschine le philosophe, Cébès, Aristippe, Euclide de Mégare, etc. Mais les ouvrages de ces écrivains ont péri. Ceux qu’on publie quelquefois sous le nom d’Eschine, de Simon, de Cébès, sont d’une telle médiocrité qu’ils ne méritent guère de nous arrêter un seul instant. Ce sont des ébauches de dialogues, plutôt que des dialogues véritables ; non pas de ces ébauches où resplendit déjà l’empreinte divine du génie, mais des choses sans vie, sans éclat, sans caractère, et aussi peu dignes de leurs auteurs prétendus que de ce grand Platon aux œuvres de qui on les joint d’ordinaire. Le moins mauvais de tous ces écrits, le Tableau de Cébès, où la destinée humaine est symboliquement figurée, n’est même point de Cébès le Thébain, disciple de Socrate, mais d’un autre Cébès philosophe stoïcien, et d’une époque par conséquent beaucoup plus récente.

Nous pouvons nous consoler de ne pas posséder tous les monuments littéraires de l’école de Socrate. Je dis nous qui cherchons ici le beau, la perfection de l’art ; l’inspiration, et, non pas les systèmes philosophiques ni la filiation des doctrines. N’avons-nous pas Xénophon et ses ouvrages ? n’avons-nous pas surtout Platon, et aussi complet, peu s’en faut, aussi rayonnant de beauté que l’eurent jamais les Grecs eux-mêmes ? et Platon, à lui seul, pour parler ici à la façon d’Homère, combien n’en vaut-il pas d’autres ?


Vie de Platon.


Platon naquit à Athènes en 430 ou en 429. Ariston son père, un des citoyens les plus considérables de la ville, passait pour être issu du roi Codrus ; et sa mère, Périctione, descendait du législateur Solon. On dit qu’il porta d’abord le nom d’Aristoclès, et qu’on lui donna ensuite celui de Platon, qui signifie large, à cause de sa constitution forte et robuste. Il excellait, dans sa jeunesse, aux exercices du corps autant qu’à ceux de l’esprit. Il s’appliqua longtemps avec ardeur à la musique, à la poésie, et même à la peinture. Quelques-uns veulent qu’il ait songé, dès l’âge de vingt ans, à se livrer à la philosophie. Suivant les témoignages les plus