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CHAPITRE XXIX. XÉNOPHON.

conférer avec eux, comme tu nous conseilles de le faire encore. Où en sont-ils maintenant ? frappés, blessés, couverts d’outrages, ils ne peuvent, les infortunés, obtenir la mort qu’ils implorent sans doute comme un bienfait. Tu sais tout cela, et tu traites de bavards frivoles ceux qui conseillent la défense ; et tu proposes qu’on aille de nouveau supplier le roi ! Mon avis, soldats, c’est de repousser ce misérable de nos rangs ; c’est de lui ôter son grade, de lui mettre les bagages sur le dos, d’en faire un goujat. Un Grec vil à ce point est l’opprobre de sa patrie, l’opprobre de la Grèce entière[1]. »



CHAPITRE XXX.

PLATON.


École de Socrate. — Vie de Platon. — Génie dramatique de Platon. — Le Phédon — Dialogues contre les sophistes. — Le Banquet. — La République et les Lois. — Diversité infinie de l'oeuvre de Platon. — Style de Platon.

École de Socrate.


Socrate avait vu affluer autour de lui, de toutes les contrées de la Grèce, de tous les pays habités par les Grecs, des jeunes gens avides de s’instruire, ou des hommes que ne satisfaisaient ni les systèmes des philosophes spéculatifs, ni les brillantes et immorales inepties des sophistes. La plupart des disciples de Socrate se bornèrent à cultiver la sagesse à la façon de leur maître, et ne furent que de purs socratiques. D’autres, plus ambitieux, prirent des directions particulières ; et, tout en restant fidèles à la méthode de Socrate, ils fondèrent des écoles originales, qui ne furent ni sans influence ni sans gloire. Presque tous, socratiques ou chefs d’école, avaient laissé des écrits ; et presque tous étaient estimés, chez les anciens, pour leur talent littéraire : ainsi Criton, l’homme honnête et dévoué ; ainsi le Thébain Simmias ; ainsi Glaucon

  1. Xénophon, Anabase, livre III, chapitre I