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CHAPITRE XXIX.

L’Apologie est un morceau fort court, demi-oratoire demi-polémique, qui ne vaut pas la moindre petite conversation des Mémoires. L’Économique et le Banquet sont deux dialogues socratiques, le premier sur l’administration domestique et l’agriculture, le second sur divers points de morale. L’Hiéron est un dialogue entre le tyran Hiéron et le poëte Simonide. C’est le parallèle du tyran et du simple citoyen, avec des observations judicieuses sur l’art de gouverner les hommes. Ces dialogues, où Xénophon a mis du sien beaucoup plus que dans les Mémoires, et aussi les traités politiques, Constitutions de Sparte et d’Athènes, Revenus de l’Attique, suffisent à faire classer Xénophon parmi les philosophes moralistes, non pas au premier rang, tant s’en faut, mais à un rang très-honorable encore.

D’autres traités, d’un genre fort différent de ceux-là, l’Équitation, le Commandant de Cavalerie, la Chasse, sont ceux peut-être qui renferment le plus d’idées originales, et qui prouvent le mieux la fécondité de l’esprit de Xénophon. Il était passé maître dans les arts dont il traçait les préceptes : il les décrit en maître, et avec amour. Malheureusement, tout a changé depuis. Presque tout l’intérêt pratique de ces trois ouvrages a disparu ; et d’ailleurs ils sont d’une nature trop spéciale pour que je me hasarde à en dire tout le bien que j’ose en penser moi-même.


Compositions historiques.


Le livre qui a fait la réputation de Xénophon comme historien, son chef-d’œuvre à coup sûr, c’est l’Anabase, autrement dit le récit de l’expédition de Cyrus le Jeune dans la haute Asie et la retraite des Dix Mille. Xénophon en était. Il s’y trouvait à peu près par hasard, comme il le conte lui-même ; mais, après la mort des chefs de l’armée grecque, il fut un des cinq chefs nouveaux qu’on élut, et qui commandèrent l’immortelle retraite. La narration est exacte, détaillée, méthodique, suffisamment animée. L’ouvrage est bien composé, et l’intérêt se soutient d’un bout à l’autre de ces sept livres. Il n’y a pas ce qu’on pourrait appeler des mor-