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CHAPITRE XXI.

d’Athènes. Le sujet de la tragédie couronnée était emprunté à Homère. C’était le rachat du cadavre d’Hector, tableau plus d’une fois mis sur la scène par les vieux maîtres. C’est pour avoir dit la vérité sur les pièces de Denys, que le railleur Philoxène avait été conduit aux Carrières. Elles ne valaient rien ; et pourtant Denys avait acheté les tablettes d’Eschyle à grand prix, et c’est sur les tablettes d’Eschyle qu’il déposait chaque jour les produits de sa muse. Soyez donc tyran ; et même bel esprit, et même un peu poëte ! Je dois énumérer aussi les nombreux tragiques fournis par les familles d’Eschyle, de Sophocle et d’Euripide, savoir : Euphorion et Bion fils d’Eschyle, qui remportèrent plusieurs fois le prix ; Philoclès son neveu, qui évinça du premier rang un des chefs-d’œuvre de Sophocle ; Morsimus fils du précédent, poëte détestable ; Astydamas fils de Morsimus, poëte d’une fécondité prodigieuse, et qui remporta quinze victoires dramatiques ; un autre Philoclès et un autre Astydamas, tous deux fils de celui que je viens de nommer ; Iophon et Ariston, fils de Sophocle ; Sophocle le jeune, fils d’Ariston ; Euripide le jeune, fils ou neveu d’Euripide. Les contemporains semblent avoir fait quelque estime de la plupart de ces poëtes ; mais les siècles suivants ont laissé périr leurs ouvrages, et tomber leur renommée dans un profond et éternel oubli.


Poëtes tragiques au quatrième siècle.


Aristote cite comme un auteur digne d’être lu Chérémon, qui florissait au commencement du quatrième siècle, et qui avait innové à sa façon dans la poésie dramatique. Chérémon avait mêlé tous les mètres dans une de ses pièces, intitulée le Centaure ; étrange amalgame, et qu’il n’a pu se faire pardonner qu’à force de talent. Au reste, Chérémon était à peine un poëte dramatique. L’action de ses tragédies était nulle ; les personnages n’y paraissaient que pour fournir à Chérémon l’occasion de parler lui-même sous leur masque. Ce n’était pas comme dans Eschyle, où les récits et les descriptions appartiennent réellement aux personnages, et suppléent à ce qui manque à l’action. Chérémon aimait surtout à peindre