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CHAPITRE XX.

qu"Hippolyte, dans notre Phèdre, est devenu un peu plus pâle que de raison.

(?) 427. Ion. Créuse, fille d’Érechthée roi d’Athènes, a en un fils d’Apollon. L’enfant, exposé par elle, a été transporté à Delphes par Mercure. Xuthus épouse Créuse ; et, n’ayant pas d’enfants, il adopte Ion, le fils même de sa femme, qui a été élevé par la Pythie, et que ni lui ni Créuse ne connaissent. Créuse prend le jeune homme en haine, s’imaginant qu’il est le fruit des amours de son époux avec quelque rivale préférée. Elle veut l’empoisonner ; mais elle découvre bientôt son propre fils dans le fils adoptif de Xuthus. Il y a quelque analogie entre la situation du fils de Créuse et celle du petit Joas. Mais on ne saurait faire aucune comparaison entre le drame imparfait d’Euripide et cette Athalie qui est, peu s’en faut, la perfection même.

(?) 424. Hécube. Immolation de Polyxène sur le tombeau d’Achille, et vengeance que tire Hécube de Polymestor, meurtrier de Polydore son fils. Le défaut capital de cette tragédie, c’est que l’action manque d’unité, ou, si l’on veut, que le poëte n’a point serré suffisamment le lien qui en unit les deux parties. Mais le pathétique y abonde, et jamais Euripide n’a été plus éloquent.

(?) 421. Les Héraclides. Persécution des enfants d’Hercule par Eurysthée. Démophon, fils de Thésée, leur donne asile dans Athènes. Cette pièce offre un médiocre intérêt.

420. Andromaque. Hermione, pendant l’absence de Pyrrhus, veut faire périr Andromaque et son fils Molosse. Pélée, aïeul de Pyrrhus, les sauve des fureurs d’Hermione et de son père Ménélas. L’Andromaque de Racine doit beaucoup à Virgile, et diffère de celle d’Euripide bien plus encore que la Phèdre française ne diffère de l’Hippolyte porte-couronne.

418. Les Suppliantes. Thésée, touché par les supplications des mères de ces chefs argiens qui avaient péri sous les murs de Thèbes, réclame leurs corps, restés sans sépulture. Sur le refus des Thébains, il conquiert par la force des armes ces tristes dépouilles, qui reçoivent les honneurs accoutumés. Il n’y a donc de commun que le titre entre les Suppliantes d’Euripide et celles d’Eschyle.