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ORIGINES DU THÉÂTRE GREC.

sentait non plus seulement l’action, la marche régulière, mais la marche rapide, la course enfin, selon la force du mot même de trochée.


Rôle du chœur.


Les chants par lesquels préludait le chœur dans les intermèdes étaient en mètres anapestiques ; et souvent les anapestes, comme on nommait le prélude, étaient d’une longueur assez considérable. Puis venait le chant proprement dit, qui était une ode véritable, une ode à la façon de celles de Pindare, avec strophe, antistrophe et épode. Les vers de ce chant n’étaient, non plus que ceux de Pindare, des vers dans le sens ordinaire de ce mot. Ils ne se scandaient point par pieds. C’étaient des rhythmes qui n’avaient rien de fixe, et qui dépendaient uniquement de la forme musicale. La strophe, comme dans l’exécution des chants lyriques, c’est-à-dire le tour, était ce que le chœur chantait durant sa première évolution, et l’antistrophe, ou le retour, ce qu’il chantait en revenant au point de départ ; l’épode se chantait au repos, devant la thymèle. Puis le mouvement recommençait autant de fois qu’il y avait strophe, antistrophe et épode.

Il serait intéressant peut-être de chercher quelle était la nature des accompagnements affectés aux diverses parties du poëme dramatique ; ou quelle sorte de ressemblance une tragédie antique pouvait avoir avec un opéra moderne ; ou si les personnages en scène se bornaient à une déclamation accentuée ; ou enfin si la paraloge et la paracataloge, comme on nommait la manière de dire les ïambes, étaient quelque chose d’analogue à notre récitatif. Mais il me suffit de faire remarquer que la musique était toujours d’une extrême simplicité, même dans les morceaux lyriques, et que jamais le poëte ne disparaissait devant le musicien. Il faut dire que le musicien, c’était le poëte lui-même, au moins pour l’ordinaire. Quand le chœur chantait, ce n’étaient pas seulement des sons qu’il faisait entendre : les paroles étaient articulées, et le poëte arrivait tout entier aux oreilles des auditeurs et à leur âme. Les instruments à vent et les instruments à cordes respectaient sa pensée, et ils ne retentissaient avec éclat qu’au