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CHAPITRE XVII.

Concours dramatiques.


C’est aux travaux, c’est aux succès de ces quatre hommes, que l’art dramatique dut l’importante place qu’il occupa, dès avant la fin du sixième siècle, dans la vie publique des Athéniens. Pisistrate et ses fils ne jugèrent pas comme Solon des inventions de Thespis. Ils les favorisèrent ; ils encouragèrent, autant qu’il était en eux, les successeurs de Thespis à s’avancer plus loin dans la voie. On ignore l’époque précise où furent établis les concours dramatiques, qui se célébraient chaque année aux fêtes de Bacchus, aux Lénéennes, surtout aux grandes Dionysiaques. Mais ces concours existaient déjà quand Eschyle n’était pas encore né, et éclipsaient l’éclat des concours lyriques. Un des archontes, celui dont le nom désignait légalement la date de l’année, l’archonte éponyme, choisissait parmi les compétiteurs les trois poëtes dont les ouvrages lui paraissaient le plus dignes d’être représentés ; et il donnait à chacun d’eux un chœur, selon l’expression consacrée, c’est-à-dire qu’il les autorisait à faire apprendre leurs vers aux acteurs, et à disposer, pour la représentation, d’une troupe dont le chorège, qui était quelque citoyen opulent, fournissait l’habillement et l’entretien. Chaque poëte présentait au concours quatre pièces, trois tragédies et un drame satyrique, autrement dit une tétralogie. Les trois tragédies pouvaient être ou sur des sujets isolés et complètement divers, ou sur des sujets tirés de la même légende, et qui se faisaient suite les uns aux autres. Dans ce dernier cas, l’ensemble tragique prenait proprement le nom de trilogie. Le drame satyrique était comme la petite pièce du spectacle, et servait à remettre les assistants des impressions mélancoliques produites par la représentation successive des trois tragédies. Vers le milieu du cinquième siècle, la tétralogie ne fut plus exigée. Les poëtes luttèrent pièce contre pièce, surtout depuis l’introduction de la comédie dans les concours ; et l’archonte put donner un chœur à plus de trois poëtes à la fois. Au temps de Ménandre et de Philémon, il en choisissait jusqu’à cinq, du moins pour le concours des comédies.