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CHAPITRE XVII.

besoin de dire que les Perses d’Eschyle ne sont pas une imitation. Ce souffle guerrier, ces inspirations patriotiques, ce sont les souvenirs vivants d’un des vainqueurs de Salamine et de Platées, ce ne sont point des réminiscences littéraires. Peut-être les deux poëtes ont-ils traité en même temps le même sujet ; peut-être Eschyle aura-t-il voulu faire oublier la pièce de Phrynichus ; enfin, la citation faite par Glaucus pourrait bien avoir été tirée, non pas du poëme original de Phrynichus, mais de quelque contrefaçon des Perses, recommandée par son auteur du nom d’un poëte tragique antérieur à Eschyle.

Phrynichus faisait un grand usage, dans le dialogue même, du tétramètre trochaïque. Suidas lui attribue l’invention de ce vers vif et rapide. Mais cette invention remonte plus haut : elle est contemporaine de celle du vers ïambique. Archiloque a fait des combinaisons de trochées, en même temps que des combinaisons d’ïambes ; et c’est lui qui a le premier employé le tétramètre trochaïque.

La réputation de Phrynichus se maintint à Athènes pendant de longues années. Achéomélèsidônophrynichèrata, cet étrange vers ïambique, ce mot aux proportions gigantesques inventé par Aristophane pour désigner les chants qui plaisaient entre tous aux vieillards athéniens, et qu’ils répétaient sans cesse, suffirait à lui seul pour attester, aujourd’hui même encore, la profonde et durable impression qu’avaient causée les représentations de Phrynichus.


Pratinas ; le drame satyrique.


Pratinas de Phliunte, Dorien du Péloponnèse, qui vint lutter au théâtre d’Athènes contre Phrynichus, et qu’Eschyle trouva en possession de la faveur publique, est cité par quelques anciens comme l’inventeur du drame demi-sérieux demi-bouffon dont le chœur était toujours composé d’une troupe de satyres, et qui reçut pour cette raison le nom de drame satyrique. La tragédie, au moins les pièces tirées de la légende de Bacchus, avait d’abord souffert tous les tons, comme autrefois le dithyrambe, suivant le caractère tantôt