Page:Pierron - Histoire de la littérature grecque, 1875.djvu/269

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
257
ORIGINES DU THÉÂTRE GREC.

moins vrai que ce qui resta du dithyrambe, dans la poésie dramatique, n’eut plus ni la même puissance que jadis sur les âmes, ni cet entraînement sympathique qui transformait en un vrai délire les sentiments de la foule assemblée pour entendre célébrer Bacchus.


Phrynichus le tragique.


L’œuvre de Thespis trouva, dès le sixième siècle, d’habiles et intelligents continuateurs. Phrynichus fils de Polyphradmon, Athénien, passe pour avoir introduit le premier les rôles de femmes au théâtre. Cela signifie sans doute que Phrynichus donna aux rôles de femmes une importance qu’ils n’avaient pas dans les pièces de Thespis. Il ne quitta pas les voies de Thespis pour ce qui est de la forme extérieure de la tragédie, et il fut, comme Thespis, poëte lyrique encore plus que poëte dramatique. Mais il choisit les sujets de ses épisodes partout où il y avait quelque chose de pathétique et d’intéressant ; non point seulement dans la légende de Bacchus et dans les traditions de l’époque héroïque, mais jusque dans les faits de l’histoire contemporaine. Hérodote raconte que Phrynichus mit sur la scène la prise de Milet par les Perses, et qu’il fut condamné à une amende de mille drachmes, pour avoir ravivé le souvenir d’une calamité nationale. On défendit même aux poëtes dramatiques de traiter désormais aucun sujet de ce genre. Cette défense n’empêcha pas Phrynichus de mettre au moins une fois encore ses contemporains sur la scène. Mais il s’agissait cette fois des triomphes d’Athènes, et non plus de la défaite de ses alliés. Voici ce qu’on lit dans l’argument grec ou didascalie, qui précède les Perses d’Eschyle : « Glaucus, dans son écrit sur les pièces d’Eschyle, dit que les Perses sont imités des Phéniciennes de Phrynichus. Il cite le commencement du drame de Phrynichus, qui est tel : Vous voyez, des Perses qui sont partis jadis, etc. Seulement, chez Phrynichus, il y a, au début, un eunuque qui annonce la défaite de Xerxès, et qui dispose des sièges pour les gouverneurs de l’empire ; tandis que c’est par un chœur de vieillards que se fait l’exposition dans les Perses. » Je n’ai pas