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CHAPITRE XVI.

Il y a bien d’autres récits fabuleux dont les écrivains des bas siècles ont essayé d’embellir la vie d’Hippocrate, et qui l’ont transformée en une sorte de légende comme celles des temps héroïques. Nous n’avons pas à discuter ces fantaisies plus ou moins ingénieuses. C’est ailleurs qu’il faut chercher, si l’on veut se faire une juste idée de la personne d’Hippocrate et de son caractère : « Ce grand homme, dit avec raison l’auteur d’Anacharsis, s’est peint dans ses écrits. Rien de si touchant que cette grandeur avec laquelle il rend compte de ses malheurs et de ses fautes. Ici, vous lisez les listes des malades qu’il avait traités pendant une épidémie, et dont la plupart étaient morts entre ses bras. Là, vous le verrez auprès d’un Thessalien blessé d’un coup de pierre à la tête. Il ne s’aperçut pas d’abord qu’il fallait recourir à la voie du trépan. Des signes funestes l’avertirent enfin de sa méprise : l’opération fut faite le quinzième jour, et le malade mourut le lendemain. C’est de lui-même que l’on tient ces aveux ; c’est lui qui, supérieur à toute espèce d’amour-propre, voulut que ses erreurs mêmes fussent des leçons. »


Ouvrages d’Hippocrate.


Les savants modernes ont montré tout ce que la science devait au médecin de Cos en découvertes de tout genre. La collection des œuvres qui portent le nom d’Hippocrate contient des écrits de nature et de valeur fort diverses, et dont un certain nombre seulement sont regardés comme authentiques. Les autres sont revendiqués pour quelques-uns des philosophes antérieurs à Hippocrate ou ses contemporains, surtout pour les médecins qui furent ses héritiers, et par qui fleurirent à Cos son école et ses doctrines.

Parmi les écrits qui sont réellement d’Hippocrate, il y en a qui ne sont que des journaux détaillés de clinique, et dont tout le mérite littéraire consiste dans la précision avec laquelle les circonstances nosographiques ont été résumées et décrites. D’autres sont de véritables traités philosophiques, sur des matières ressortissant au domaine médical. Le petit livre des Airs, Eaux et Lieux, où Hippocrate expose l’in-