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PINDARE.

mère ; soit qu’il célèbre l’athlète ou le coursier que la victoire ramène d’Élide chargés de palmes immortelles, et qu’il leur consacre un monument plus durable que cent statues ; soit qu’il pleure un jeune époux ravi à une épouse désolée, et le dérobe à la nuit infernale en élevant jusqu’aux astres sa force, son courage, ses mœurs de l’âge d’or. Toujours un souffle vigoureux soutient le cygne de Dircé, quand il monte dans la région des nues. » Quintilien ne dit que quelques mots vagues, et s’en réfère d’ailleurs à l’arrêt par lequel Horace proclame Pindare inimitable. Quant aux modernes, et j’entends surtout par là nos écrivains des trois derniers siècles, ils n’ont guère fait en général que déraisonner à propos de Pindare, détracteurs, apologistes même. Disons pourtant que La Harpe n’est point tombé dans le travers commun : il a su rendre justice au génie du poëte ; et, ce qui vaut mieux encore, il a su expliquer et faire sentir quelques-uns des mérites de cette admirable poésie que niaient ses contemporains sur la foi de Fontenelle et de Voltaire.


Odes triomphales.


De tous les chants auxquels Horace fait allusion, de tous ces dithyrambes, de tous ces hymnes religieux, péans, prosodies, parthénies, de tous ces hyporchèmes, de toutes ces odes encomiastiques, de tous ces thrènes et de tous ces scolies qu’avait composés Pindare, rien ne reste que des lambeaux ; mais nous avons les odes triomphales, Ἐπινίκια, et nous les avons toutes, et parfaitement conservées : Olympiques, Pythiques, Néméennes, Isthmiques. Otfried Müller pense que ce qui a sauvé ce recueil à travers les siècles, c’est la supériorité reconnue des pièces qui le composent sur les autres ouvrages de Pindare. Mais Horace ne met pas au premier rang les chants de victoire ; et il est douteux que Pindare se soit surpassé lui-même précisément quand il chantait des hommes qui pour la plupart ne lui étaient que des inconnus, et quand il prenait la lyre non par devoir, ou saisi d’un transport subit, mais par intérêt ou par complaisance. S’il était besoin, pour expliquer la conservation des odes