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LYRIQUES DORIENS.

impossible à trouver. C’est déjà tout le système de Pindare. Ce qui paraît propre à Stésichore, c’est une prédilection marquée pour le mètre dactylique. Il y a, dans les fragments de ses poëmes, de nombreux morceaux écrits en vers dactyliques de dimensions diverses, depuis le dimètre jusqu’à l’heptamètre, le plus long des vers connus, car il dépasse d’une mesure le long vers épique lui-même. Stésichore a souvent usé aussi du mètre anapestique, ou dactyle retourné, et du choriambe, qui tient à la fois et de la nature du dactyle et de celle de l’anapeste. Quant à sa musique, tout ce qu’on en sait, c’est qu’il n’admettait dans ses chœurs que la cithare ou la lyre, et qu’il choisissait soigneusement, parmi les modes alors en usage et parmi les nomes qu’avaient inventés ses prédécesseurs, les tons le plus en harmonie avec les sentiments et les pensées exprimés dans ses vers. On ne le cite pas comme un inventeur en musique, comme un émule des Terpandre et des Thalétas.


Caractère impersonnel de la poésie de Stésichore.


La lyre avait été, entre les mains d’Alcée, un instrument de lutte et de combat ; Sapho s’en était servie pour attirer sur elle-même la sympathie des âmes tendres ; Alcman mêlait ses sentiments propres, en même temps que sa voix, dans les chœurs dont il dirigeait les mouvements. Stésichore, au contraire, se désintéressa toujours dans toutes ses compositions. Il n’écrivit jamais ni pour peindre les mouvements de son âme, ni pour raconter les événements de sa vie ; et il préférait les thèmes anciens aux sujets poétiques qu’il eût trouvés dans le présent. Ses épithalames mêmes n’étaient point des chants en l’honneur de quelques nouveaux époux de sa connaissance : c’étaient des poëmes de fantaisie sur quelques-uns des hymens fameux dans les traditions de la mythologie ou de l’histoire. Le poëme de Catulle sur les noces de Thétis et de Pélée peut donner une idée du genre. La dix-huitième idylle de Théocrite, où l’on voit les vierges laconiennes chanter l’épithalame devant la chambre nuptiale de Ménélas et d’Hélène, était imitée en partie d’un des poëmes de Stési-