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CHAPITRE X.

culture de la première jeunesse. Il est vraisemblable que c’est par l’intermédiaire des musiciens de Lesbos, et particulièrement de Terpandre, que les modes en usage chez les Phrygiens et les Lydiens s’introduisirent dans la Grèce. Leur relation fixe et systématique avec le mode dorien, et les transcriptions nécessaires pour les réduire à la notation grecque, ne purent être déterminées qu’au temps où la musique grecque, par l’invention de l’heptacorde, sortit de sa longue enfance, et devint propre à exprimer toutes les nuances du sentiment.


Nomes de Terpandre.


La forme rythmique des compositions de Terpandre était d’une extrême simplicité. Quelquefois même il s’était borné à appliquer des récitatifs nouveaux à d’anciennes poésies, à certains passages des poëmes d’Homère. Il avait écrit des hymnes dans le mètre épique, analogues à ceux que nous possédons, et dont l’accompagnement n’était aussi qu’un récitatif plus ou moins animé. Mais il ne s’était pas borné à perfectionner la déclamation des aèdes et des rhapsodes. Les airs guerriers que chantaient les Lacédémoniens, ces nomes qu’ils tenaient pour la plupart de Terpandre, devaient être autre chose que des chants épiques. Les noms d’orthien et de trochaïque, sous lesquels sont mentionnés deux de ces nomes, suffiraient à prouver que Terpandre s’était servi de quelques-uns des mètres inventés de son temps. Il y a d’ailleurs un fragment de Terpandre uniquement spondaïque, et non moins grave par le ton du style que par la forme de la versification : « Jupiter, principe de toutes choses, toi qui gouvernes tout ; Jupiter je t’adresse ce commencement de mes hymnes. » Quelques-uns de ces hymnes, de ces chants si divers, dont Terpandre avait fait les paroles et la musique, offraient probablement des combinaisons de mètres variés, unis dans des proportions harmonieuses, et se formant déjà en assemblages réguliers, en strophes, comme on les appelle, qui répondaient par leur étendue aux exigences de la conception musicale.