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POÉSIE IAMBIQUE.

époux qui l’aime, elle vieillit avec lui, et donne le jour à une belle et noble famille. Elle est distinguée entre toutes les femmes, et une grâce divine est répandue autour d’elle. Elle ne se plaît pas assise dans une compagnie de femmes où se tiennent des discours licencieux. C’est Jupiter qui fait don aux hommes de femmes d’un tel caractère, si excellentes et si sages. »

Simonide d’Amorgos résume sa pensée générale à peu près dans les mêmes termes qu’Hésiode. Selon lui aussi, les femmes sont un fléau que nous a imposé Jupiter. Il consacre quelques vers à la démonstration de son principe ; et cette discussion morale termine le morceau.

Je n’ai pas la superstition des choses de l’antiquité, et je suis bien loin d’admirer comme un chef-d’œuvre la boutade du poëte d’Amorgos. La fin du poëme manque de précision et quelquefois même de clarté ; il n’y a pas beaucoup d’ordre dans la succession des divers caractères, ni beaucoup d’art dans les transitions qui les rattachent les uns aux autres. Mais les vers de Simonide offrent assez de traits heureux pour que la lecture n’en soit pas sans agrément.


Le Margitès.


L’opinion commune attribuait à Homère un poëme satirique intitulé Margitès, du nom du personnage qui y était tourné en ridicule. Aristote lui-même cite le Margitès comme un des poëmes d’Homère. Mais le Margitès était composé de vers hexamètres et de vers ïambiques irrégulièrement mélangés, comme on le voit encore dans le peu qui reste de cet ouvrage. La présence de l’ïambe ne permet pas de le ranger parmi les productions d’Homère, puisque l’ïambe était inconnu avant Archiloque. Il n’est pas probable non plus qu’il le faille rapporter à une époque beaucoup moins ancienne que celle qui nous occupe. L’étrangeté même du mélange des deux mètres me porte à croire que le Margitès doit compter au nombre des premiers essais suscités par les inventions du poète de Paros. Voici le début du Margitès : « Il vint à Colophon un vieux et divin aède, serviteur des Muses et d’Apollon qui