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CHAPITRE VI.


Hymne à Apollon Pythien.


L’Hymne à Apollon Pythien est rangé bien à tort, par la plupart des éditeurs, à la suite du précédent, comme s’il en était la continuation naturelle. Il n’appartient ni à la même école poétique, ni au même ordre d’idées. C’est le récit, sous une forme mythique, de l’établissement du culte d’Apollon dans la Grèce continentale. À coup sûr ce récit n’est pas l’œuvre d’Homère. Il y en a plus d’une preuve, et notamment les paroles que l’auteur de l’hymne met dans la bouche de Junon, à propos de Vulcain. Elle dit que c’est elle-même qui a jeté son fils du haut du ciel ; que Vulcain est tombé dans la mer, et qu’il a été recueilli et élevé par Thétis. On connaît le passage de l’Iliade où Vulcain conte lui-même sa mésaventure. Les deux traditions diffèrent absolument. Ce n’est pas non plus un Homéride de Chios, un Ionien d’Asie qui a célébré le sanctuaire de Crissa ; c’est bien plutôt quelque aède des contrées voisines du Parnasse, quelque héritier peut-être de la muse d’Hésiode, mais qui connaissait l’Iliade et l’Odyssée, comme on le voit à de manifestes emprunts, surtout dans l’énumération des contrées que parcourt le navire crétois conduit par Apollon.

Cet hymne est encore d’une antiquité assez reculée. Il est antérieur et à la guerre de Crissa et à l’introduction des courses de chevaux dans les jeux Pythiques. C’est à Crissa qu’était encore, au temps du poëte, le sanctuaire d’Apollon ; et la raison principale qui avait décidé Apollon à choisir ce lieu de préférence à tout autre, c’est qu’on n’y entendait jamais de bruit des coursiers ni des chars. Il n’y a rien, dans tout l’hymne, qui mérite d’être particulièrement cité. Ce n’est pas que cette poésie soit sans mérite : le récit est vif et intéressant, la composition sage et bien ordonnée, et le style a cet éclat tempéré qui ne fait jamais défaut aux hommes de quelque talent. Mais l’originalité est absente. C’est ce qu’on appelle un ouvrage estimable. Je me borne donc à en donner l’esquisse en quelques mots.

Apollon descend de l’Olympe, et cherche dans la Grèce