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entrer en le conseil, le duc de Berry et les autres luy envoyèrent dire qu’il se déportast d’entrer en la chambre du conseil tant qu’à présent[1] ; et quand le duc Jean ouït ce, il fut tout esbahy et courroucé : et alors il demanda au comte Waleran de Sainct-Paul : « Beau cousin de Sainct-Paul, que vous semble-il de nostre faict, et qu’avons-nous à faire sur ceste besongne ? » Alors le comte Waleran lui respondit : « Monseigneur, vous avez à vous retraire en vostre hostel, puisqu’il ne plaist à nos seigneurs que soyez au conseil. » Et adonc dict le duc Jean : « Beau cousin, retournez avec nous. » Et le comte luy respondit : « Pardonnez-moy, je n’iray devers nos seigneurs au conseil. » En tant que ces paroles duroient, le duc de Berry vint à l’huis de l’hostel, et dist au duc Jean : « Beau nepveu, déportez-vous d’entrer au conseil ; il ne plaist my bien à chascun qu’y soyez. » Et le duc Jean respondit : « Monsieur, je m’en déporte bien ; et affin qu’on ne mescroye mie de la mort du duc d’Orléans, j’ay faict faire ce qui a esté faict, et non autre. » A ces paroles fut le duc moult esmerveillé ; et ledict duc Jean tourna son cheval,

    en 1411, et mourut à Yvois le 19 avril 1415. Il eut de Mahaud de Rœux, sa première femme, Jeanne de Luxembourg, mariée en la ville d’Arras, le 21 février 1402, à Antoine de Bourgogne, duc de Brabant, et morte le 12 août 1407.

  1. Selon Monstrelet (I, 218), le duc de Bourgogne s’étoit déjà déclaré l’auteur du meurtre, lorsqu’il se présenta pour entrer au conseil. Cette circonstance explique et motive le refus du duc de Berry.