Page:Pierre de Fenin - Mémoires.djvu/40

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tés en faveur de notre thèse ? Avoit-il servi Charles VI, celui qui, ayant à rendre compte des derniers moments de ce malheureux prince, ne sait trouver d’autre expression de ses regrets que ces froides et brèves paroles : « Moult fut le roy Charles amé de tout son peuple toute sa vie, et pour ce on le nommoit Charles-le-bien-Amé[1]. » Et s’il nous est impossible de reconnoître nulle part le panetier de Charles VI, nous sera-t-il plus permis de voir l’ancien prévôt d’Arras dans l’historien qui, suivant Monstrelet presqu’à la trace, emprunte évidemment à un même fonds que lui tous les détails du siége de cette ville, en 1414 ? À ces observations qui, tout au moins, il nous semble, doivent éveiller la défiance et faire naître le doute dans l’esprit de ceux qui croiroient reconnoître dans Pierre de Fenin, panetier de Charles VI, et prévôt d’Arras, l’auteur de la chronique qui depuis bientôt deux siècles lui est généralement attribuée, nous en ajouterons quelques autres dont l’effet, peut-être, sera plus sûr et qui renferment de nouveaux indices à l’appui de notre opinion.

Le Dauphin, devenu roi à la mort de son père,

  1. La sécheresse de ces paroles ressortira encore davantage, si l’on veut les comparer à ce que l’auteur dit, quelques pages plus haut, à l’occasion de la mort de Henri V. « Le roy Henri estoit prince de haut entendement et qui mout voulloit garder justice, parquoy le povre peuple l’amoit sur tous autres ; car il estoit tout conclu de préserver le menu peuple contre les gentis-hommes des