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pour reconquérir son royaume. D’ailleurs, le langage de l’auteur, peu différent de celui de Monstrelet, mais dont l’origine picarde se faire sentir d’une manière plus prononcée, n’ôte rien de sa grâce ni à la phrase, ni à la pensée.

En résumé, bien que ces Mémoires ne puissent prendre place au premier rang des chroniques de l’époque, ils peuvent cependant figurer avec avantage à leur suite. Les historiens de la fin du quatorzième siècle, et ceux des premiers temps du quinzième, ne sont pas en assez grand nombre pour qu’il soit permis de dédaigner un ouvrage dont la forme, peut-être, eût pu être plus attrayante, mais dont le fond se recommande par plusieurs qualités qui lui sont particulières. Les additions du genre de celles que nous avons signalées chez notre auteur, sont presque la seule marque distinctive qu’aient entre elles la plupart des chroniques de cette époque. Comme elles diffèrent peu les unes des autres quant au récit des principaux événements, presque tous empruntés à une même source, ces petits faits, ces légers aperçus de mœurs qui s’y trouvent consignés, deviennent réellement le seul titre de propriété de l’auteur, et rendent plus ou moins précieuse l’œuvre de chaque historien.

Tel est, à notre avis, le jugement que l’on peut porter sur ces Mémoires. Leur existence, longtemps ignorée, ne fut révélée qu’en 1643, par