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souvenirs d’oxford et de cambridge

de me dire un peu plus libre, celui d’habiter ces vieilles demeures qui ont à la fois la majesté de l’antique et l’éclat de la jeunesse.

L’University calendar, que je trouve sur la table du Clarendon-Hotel donne une foule de renseignements précieux ; les dates des cérémonies encore en usage et des jours fériés où les docteurs mettent leurs belles robes rouges, — la liste des grands dignitaires en tête desquels figure lord Salisbury, comme chancelier, — celle des membres de la Congregation, corps délibérant qui gouverne l’université ; enfin l’énumération des collèges avec une petite notice historique sur leur origine, l’indication des bénéfices ecclésiastiques qui en dépendent, le détail de leur organisation et la liste de leurs fellows. Il y en a vingt : tous, sauf le dernier, ont été établis entre 1263 et 1624 (pour ne pas remonter jusqu’à la fondation un peu problématique faite en 872 par Alfred le Grand). Parmi les fondateurs figuraient des rois, des évêques, des ministres et aussi de simples particuliers : tous avaient en vue d’entretenir des écoliers pauvres avec les revenus des biens immobiliers qu’ils léguaient ; mais ils réglementaient et le nombre des fellows et parfois leur origine, limitant les choix à ceux qui étaient nés dans tels comtés, étudiaient telle branche de la science ou avaient passé par tel établissement. Il arriva que les biens augmentèrent de valeur et les collèges s’enrichirent. D’ailleurs, d’autres largesses venaient s’ajouter aux premières : de nouveaux bienfaiteurs créaient des bourses ou laissaient même des sommes importantes sans en indiquer la destination. Les fellows se partageaient les revenus nets du collège ; les scholars touchaient une allocation fixe pendant un temps déterminé : les servitors recevaient une part d’instruction en échange de certains services domestiques dont ils étaient chargés : la fortune des collèges augmentant toujours, on prit des pensioners : c’est dans cette catégorie que rentrent les étudiants actuels et leur nombre est illimité : ils payent, mais pas en proportion des avantages dont ils jouissent, car ils profitent de tout le luxe qui les environne.

Les collèges ont chacun un visitor, qui est un grand personnage ou même le souverain lui-même, et un chef réel qui s’appelle warden, rector ou master : les fellows l’élisent ; ceux-ci ne doivent pas être loin de 600 à Oxford, mais c’est à peine s’il y en a 200 prenant part directement à l’enseignement en qualité de professeurs (lecturers) ou de répétiteurs (tutors) : les autres y demeurent étrangers et travaillent pour leur propre compte. Ce sont des ecclésiastiques, des savants résidant dans le collège ou même des personnes vivant en dehors de l’université, qui jouissent de leur