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souvenirs d’oxford et de cambridge

s’allongeant à l’angle d’un édifice, une tour, un clocher ou la masse d’une coupole imprévue surgissant tout à coup comme d’une boîte à surprises ; puis des ruelles mystérieuses, de sombres recoins, des escaliers tortueux et des cloîtres ouvrant leurs arceaux sculptés sur de grands jardins à l’aspect délicieusement frais.

Le chèvre-feuille grimpe aux façades et le lierre sur les pignons. Aux rebords des vieilles fenêtres gothiques, des paquets de fleurs mêlent leurs tons éclatants : elles égayent aussi la froide monotonie des constructions élevées par Christophe Wren, — le fameux architecte de Saint-Paul, — et dissimulent les pilastres noircis dont les pierres s’effritent, s’en vont par lambeaux, comme rongées par une maladie inconnue ; et, dans les parcs, elles dessinent sur les tapis de gazon de charmantes mosaïques.

Montez à la Radcliffe Library par un petit escalier casse-cou ; vous serez bien récompensé en atteignant le pourtour extérieur du dôme. L’œil embrasse le vaste panorama de la cité, dont les monuments se détachent sur une ligne pâle de bois et de collines : paysage tranquille sur lequel flotte comme un brouillard de nacre et dont les carillons mélancoliques qui chantent les heures troublent seuls le silence. — Partout, le calme et le repos ! C’est le paradis pour les vieux professeurs qui fouillent dans les cartons poudreux…

… Magdalen College s’agrandit. Mais l’architecte n’a pas cru pouvoir mieux faire que son habile devancier, et ses ouvriers sont en train de ciseler une figure qui, dans quelques années, ressemblera identiquement à sa voisine, à moins que celle-ci ne vienne à faire usage du Pear’s soap. — Un portier débonnaire dort dans sa loge moyen âge. Au-dessus de lui se dresse la tour sur le sommet de laquelle se disaient, récemment encore, à l’aube du 1er mai, des prières pour l’âme du roi Henri vii. Et voici, à côté, la niche étroite, creusée dans le mur, qui sert à prononcer en grec le sermon de la Saint-Jean. Une jeune miss, tout de blanc vêtue, en prend un rapide croquis. Dans la chapelle, le soleil projette par les vitraux de grandes lueurs multicolores sur un monde de statues formant muraille au-dessus de l’autel, tandis qu’étincelle, entre les boiseries sombres, l’aigle-pupitre de bronze doré.

Et l’on va toujours, subissant le charme poétique de ces édifices solitaires, visitant les collèges les uns après les autres, passant du parc à la chapelle et de la chapelle au hall. — Le hall, c’est le réfectoire, pièce immense avec de hautes fenêtres, des lambris de chêne et de solennels portraits où sont représentés les grands personnages qui étudièrent en ce lieu. C’est là que chaque soir, le dîner réunit les collegiate students. Il y en a qui résident en ville ; mais il me semble qu’à leur place, je ne sacrifierais pas, au plaisir