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prétendants se disputaient le trône. Un vent de révolution soufflait sur le peuple. Salonique se constitua en république démagogique. L’opinion refusait de consentir au rapprochement des Églises. Le projet n’avait fait qu’exaspérer les passions religieuses. À la veille de la catastrophe finale (1452), on se battait autour de Ste-Sophie entre adversaires et partisans de l’union. Les mercenaires se révoltaient. Un moment la garde catalane bloqua la ville et saccagea les alentours. Quant aux envahisseurs turcs, l’occident jaloux et rancunier les regardait avec satisfaction occuper la péninsule des Balkans. Dès 1365, leur capitale fut à Andrinople. Ils détruisirent la Serbie à Kossovo (1389) et bientôt après annexèrent la Bulgarie. Ils s’attaquèrent enfin à Byzance et deux fois sans succès. La cité résistait héroïquement. Elle tomba le 29 mai 1453 après un siège de cinquante quatre jours et son dernier empereur Constantin xi mourut glorieusement sur la brêche. Jusqu’à l’heure suprême, elle était restée l’asile de la culture et de l’art. Son université, ses écoles brillaient encore du plus vif éclat. Ses écrivains, ses savants, ses philosophes étaient légion. Des souffles novateurs semblaient inspirer ses architectes et ses décorateurs. Jamais agonie ne fut plus grandiose. Jamais on n’avait vu ni on ne devait revoir ce rétrécissement graduel et concentrique d’un grand empire autour de la ville qui en avait été l’animatrice et le symbole. Carthage n’avait possédé que des territoires de production ou d’exploitation. Mais l’empire byzantin, peuplé de sites illustres, héritier de traditions millénaires avait été une réalité puissante. Alors que de cette réalité plus rien ne restait que des débris épars, on eût dit que la cité