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L’hostilité de la papauté, les convoitises des aventuriers, les rancunes latines contre l’hellénisme aidèrent grandement les Vénitiens à exécuter le plan machiavélique qu’ils avaient conçu. La ive croisade (1203), détournée par eux de son but et de sa route jeta contre Byzance toutes les forces assemblées pour délivrer la Terre-sainte. Le 12 avril 1204, la ville prise d’assaut fut honteusement pillée et saccagée. Et selon le traité de partage préalablement signé, les vainqueurs s’attribuèrent les dépouilles. Venise occupa tous les points dont son commerce pouvait bénéficier : Durazzo, la Crète, l’Eubée, Gallipoli, Rodosto, tandis que ses patriciens se créaient de belles seigneuries dans les îles de l’archipel. Un patriarche vénitien remplaça le patriarche grec en même temps qu’un croisé flamand, Baudouin devenait empereur entouré de vassaux tels que le roi de Salonique, le duc de Philippopoli, le duc d’Athènes, le prince de Morée, etc… toute une floraison d’États féodaux sans racines et sans raison d’être, mis aux mains de titulaires le plus souvent ignorants, avides et enorgueillis de leur facile victoire.

Les gouvernants et le haut clergé byzantin passèrent en Asie-mineure. Ils s’y trouvaient chez eux. L’Anatolie était demeurée très grecque de race et de langue. Elle le savait et s’en vantait. C’est de là que l’empire tirait ses meilleurs serviteurs civils et militaires. Les Commène en sortaient. Ils n’eurent point de peine à y grouper toutes les volontés pour préparer la revanche. Deux États naquirent. L’un dont Trébizonde fut