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ne a grandi plus encore par l’incomparable éclat de sa liturgie, l’éloquence de ses docteurs, un Basile, un Grégoire de Nazianze, un Jean Chrysostome, par l’activité enfin qu’elle a déployée au dehors, par ses missions qui ont circulé de la mer Noire à l’Abyssinie et par l’empreinte que déjà elle pose sur le monde slave dont la conversion se prépare. Mais ce qui, moins sensible peut-être aux contemporains, nous frappe le plus, ce sont certaines divergences profondes dans la façon de concevoir la prière, les sacrements, le rôle du prêtre… Quand aujourd’hui nous pénétrons dans une église grecque et que nous assistons aux cérémonies qui s’y déroulent, nous avons l’impression d’une sorte de luxueux protestantisme et, à travers la scrupuleuse observance des rites traditionnels nous sentons s’affirmer la liberté individuelle des fidèles. La grande crise du viiie siècle (726-780) s’évoque alors dans nos mémoires. En apparence, la séparation ne s’est produite que bien longtemps après. C’est en 858 que s’est élevée la querelle fameuse entre le patriarche Photius et le pape Nicolas ier et en 1054 seulement que le patriarche Michel Cérulaire a provoqué une rupture définitive et mis fin aux réconciliations périodiques qui s’étaient accomplies jusque là. Mais en réalité, c’est bien à Léon iii (717-740) et à son fils Constantin v (740-775) qu’incombe la responsabilité d’avoir donné à l’Église grecque sa figure et sa formule finales.

De grands princes, autoritaires et violents mais intelligents et énergiques qui s’imposent triplement au respect de l’histoire par la grandeur de leurs victoires, l’importance de leur législation, la hardiesse de leurs initiatives réfor-