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Science émancipatrice. « La connaissance disait-il, sauve l’homme de la crainte des Dieux ». Il estimait que bien équilibrer toutes choses est le secret du bonheur. Mais après lui sa doctrine dévia vers la recherche de la volupté continue. Ainsi présentée, elle répondait aux secrètes aspirations de tous les méditerranéens qui, de Rome à Athènes, de Marseille à Cyrène, d’Alexandrie à Pergame tombaient peu à peu dans l’esclavage passionnel. Zénon, lui, avait indiqué l’effort comme le levier moral qui, au service de la volonté, permet d’organiser la résistance. De là était sorti le stoïcisme, sorte de raidissement successif ou simultané de l’âme et du corps contre les impulsions spontanées des sens. Le tempérament énergique des vieux Romains s’y complut, en réaction contre les idées épicuriennes qu’ils confondaient avec l’Hellénisme ; mais leur stoïcisme aussi était hellène.

En vérité dans ce monde méditerranéen d’où la Grèce allait s’éclipser pour plusieurs siècles, tout était hellène, car le génie grec avait touché à tout et inventé ou façonné toutes choses. Dans tous les domaines, le sidéral et l’agricole, le gouvernemental et le pédagogique, le médical et l’artistique, le littéraire et le juridique c’étaient des Hellènes qui avaient perfectionné, innové, dirigé… Pythagore estimait que la figure de la sphère est la plus parfaite. On peut dire que l’Hellénisme avait progressé sphériquement, comme en ondes concentriques, à la fois vers la totalité des horizons — et toujours avec les mêmes rythmes combinés d’élan et de mesure, de savoir et d’intuition.