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posait les fondements de la géométrie, qu’Aristarque de Samos entrevoyait par un éclair de génie la rotation de la terre autour du soleil, que l’illustre Hipparque inventait la trigonométrie, un rameau parallèle avait fleuri, détaché du tronc unique. Sans délaisser les mathématiques et l’observation de la nature, Pythagore, Socrate, Platon, Aristote, pour ne citer que les plus fameux, s’essayèrent à chercher ailleurs le « chemin de la vie ». Par l’étude de la loi morale, par la connaissance du moi, ils arrivèrent à concevoir l’immortalité de l’âme jusqu’à la vouloir démontrer. Comment toutes ces doctrines ingénieuses ou audacieuses et toutes les discussions auxquelles elles donnèrent lieu n’eussent-elles pas conduit soit au scepticisme, soit à l’éclectisme, seuls capables d’apporter quelque répit aux agitations de la pensée incertaine ? Mais en même temps, il fallait se diriger, en des temps difficiles, parmi des horizons soudainement agrandis. Jamais encore l’homme n’avait eu à portée tant de jouissances variées et jamais, par là, sa force morale et même physique n’avait couru autant de dangers. La déchéance des mœurs et des caractères se précipitait ; la passion du gain déchaînait tous les appétits ; on contractait l’habitude du luxe amollissant, des spectacles surexcitants, d’une existence toute extérieure et frivole. Deux courants : ceux qui voulaient réagir ; les autres, plus nombreux, qui se laissaient aller. À cette alternative, répondaient les Écoles philosophiques fondées précédemment par Épicure (340-270) à Athènes et par Zénon de Chypre (360-257). Épicure, à vrai dire, était un sage qui ne conseilla nullement de s’abandonner à ses instincts. Il croyait en la