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nuscrits, établissements créés par les Ptolémées naquirent des sciences : la grammaire, l’annotation, la critique analytique et comparée. L’exemple fut suivi. Antioche eut aussitôt son musée et sa bibliothèque élevés par l’initiative et aux frais d’un riche citoyen. Le zèle était si grand autour de ces centres de savoir qu’à Pergame, dit-on, on catalogua parfois des œuvres de faussaires qui signaient de quelque nom illustre leurs propres écrits. L’érudition, l’esprit de recherche et d’investigation dominèrent. Les sciences exactes y puisèrent de plus grandes facilités d’applications utilitaires. Le bien public réclamait qu’il en fut ainsi. Athènes pouvait demeurer « le sanctuaire des tranquilles méditations et des subtiles disputes d’idées » mais ces villes nouvelles ou renouvelées (non point seulement les métropoles comme Antioche dont la principale rue était longue de près de quatre kilomètres, mais Magnésie, Éphèse, Smyrne, Milet jadis détruites puis reconstruites, Cysique, Tarse… et les villes de l’intérieur comme Laodicée et Palmyre) avaient d’autres obligations vis-à-vis des vastes territoires avoisinants à travers lesquels elles devaient répandre la richesse et la vie. C’est pourquoi un Archimède (287-212) ne s’enfermait pas dans le temple des pures mathématiques mais employait son savoir à perfectionner la poulie et le levier, à imaginer la roue dentée et la vis sans fin, à résoudre des problèmes de balistique capables de faire progresser l’art militaire. C’est pourquoi les écoles d’éloquence de Rhodes s’appliquaient à former des avocats d’affaires en même temps que des orateurs politiques et pourquoi, du jour où le protectionnisme égyptien interdit l’exportation du papyrus végétal,