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surer leur protection en les honorant. De là à se rendre des politesses de culte à culte, il n’y avait qu’un pas. Les dieux — hormis Assur le sanguinaire et Jahvé l’exclusif — étaient censés se plaire à ces hommages et, à mesure que les relations entre peuples se faisaient plus fréquentes et plus intimes, le cosmopolitisme religieux gagnait des adeptes. Il en résultait un affaiblissement de la foi dans le même temps que les spéculations des philosophes les inclinaient peu à peu vers le scepticisme. Nombreux étaient pourtant ceux qui aspiraient à un au-delà consolant. C’est ce sentiment qui, bien auparavant, avait donné naissance aux « mystères » d’Éleusis, à toutes les manifestations d’exaltation mystique groupées sous le nom d’« orphisme » et dans lesquelles les initiés s’efforçaient surtout de recueillir quelque certitude concernant la vie future. Ces manifestations qui revêtaient souvent des formes excentriques assemblèrent peut-être moins de fidèles que nous ne le supposons, mais elles laissèrent après elles, selon Alf. Croiset « une idée plus nette du mérite et du démérite acquis par la conduite personnelle de chacun indépendamment des actes des ancêtres ». C’était là une des notions les moins familières aux civilisations primitives (le pur hellénisme excepté) et les plus propres à faciliter la diffusion de l’individualisme chrétien quand il serait proclamé. En attendant la foule semblait à la recherche de divinités nouvelles, donnant volontiers ses préférences à celles qui étaient d’origine exotique et dont les attributions avaient un caractère plutôt général.

Parce que les illustres écrivains et artistes de