Page:Pierre de Coubertin Pour ceux qui vont en Grèce.djvu/55

Cette page a été validée par deux contributeurs.
53

En 310, tandis que les Carthaginois assiégeaient Syracuse, Agathocle dirigea sur leur propre sol une attaque audacieuse, mais la révolte de ses mercenaires en annula l’effet. Vrai champion de l’hellénisme occidental, il rechercha l’appui des Ptolémées et aussi celui de Pyrrhus, roi d’Épire, pays mal hellénisé mais où il devenait de tradition de se porter au secours des intérêts helléniques menacés. Assiégée de nouveau en 279 par les Carthaginois, Syracuse fut prise en 212 par les Romains après le siège fameux à l’issue duquel Archimède tout à ses calculs et au soin de ses découvertes, reçut le coup fatal sans même songer à détourner le bras brutal qui l’assénait.

Telle fut donc la figure extérieure du monde grec pendant les deux siècles qui s’écoulèrent après la mort d’Alexandre. Quel esprit l’animait ? Quand il s’agit d’hellénisme, c’est toujours là le point essentiel. En politique, deux institutions s’opposaient désormais : le municipalisme et l’impérialisme. Alexandre avait pris aux asiatiques l’idée de la monarchie universelle et l’avait occidentalisée ; il avait été le premier européen à régner sur un vaste ensemble de peuples. Qu’il y eut des candidats à un tel poste, rien d’étonnant. Séleucus, Antiochos le Grand et d’autres y visèrent sans succès. Mais de son côté, une partie de l’opinion en maints pays commençait d’évoluer et d’aspirer, confusément encore, à cette unité gouvernementale que Rome devait bientôt réaliser. D’autre part, il n’apparaissait pas nécessairement que l’existence d’un tel pouvoir central fut incompatible avec la liberté des cités. Jamais le type hellène de la cité n’avait été plus répandu. Alexandre avait fondé