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tier général ambulant, Alexandre gouvernait l’empire, veillant à tout ; seule, la Grèce était trop loin, trop en dehors de son rayon présent pour qu’il pût agir directement sur elle. Mais la pensée grecque ne l’abandonnait aucunement. Il gardait le culte de la Raison supérieure et de l’équilibre humain. Son État-major était un vrai ministère ; des géographes et topographes, des explorateurs, des naturalistes l’accompagnaient et aussi des gens de lettres, poètes et orateurs, des artistes et des musiciens ; c’est toute la civilisation hellénique qui voyageait ainsi avec lui. Nulle confusion pourtant dans ces services si variés. L’ordre et l’eurythmie s’y maintenaient. Lorsque Sandracotta, comme nous l’avons dit, se trouva en contact avec le souverain, ses généraux et ses administrateurs, il eut la révélation d’un monde supérieur et quand il regagna Patna, sa mentalité en était transformée. On était pourtant au plus loin vers l’Est et c’était l’instant où les troupes lasses commençaient à murmurer d’un si long exil. Rentré à Suse (325), puis à Babylone (324), Alexandre se retrouva en plein Iran et se garda encore une fois de porter la main sur les rouages perses. L’organisation des satrapies avait, à son point de vue, certains inconvénients, mais elle concordait avec tout un système routier, postal, fiscal, monétaire qu’il jugeait opportun de maintenir. Il y joignit l’adoption des vêtements, parures, cérémonial et protocole perses, moitié par amusement et griserie de jeunesse, et moitié par calcul habile pour consolider son pouvoir. Mais, de cette religion iranienne faite pour séduire un grand esprit, il ne prit rien. Il la respecta comme toutes les autres, davantage sans doute.