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se. Babylone, Suse et Persépolis se rendirent et leurs trésors furent remis à celui qui avait quitté son petit royaume emportant quelque soixante talents (environ 350.000 francs) et endetté par les préparatifs de son expédition d’une somme beaucoup plus forte. Ses conquêtes lui valaient aujourd’hui la possession de cent soixante dix talents, c’est-à-dire tout près d’un milliard. Darius iii s’était enfui vers le nord. Alexandre prenant la tête d’un raid de cavalerie d’une rare audace, parcourut quarante-cinq milles (soixante douze kilomètres) en une nuit, mais il n’atteignit qu’un cadavre ; le souverain déchu venait d’être assassiné par un de ses satrapes. Alexandre ayant fait rendre les honneurs royaux à sa dépouille, assuma le titre de « Grand roi » que portaient les rois de Perse et qui était une sorte de synonyme oriental du titre impérial des futurs souverains d’occident. Puis, il eut la grande sagesse de confirmer tous les gouverneurs perses dans leurs fonctions et la grande habileté de gagner par sa magnanimité et sa générosité la sympathie des vaincus. D’Hécatompyle où il séjourna au milieu de fêtes magnifiques, Alexandre signa un décret fameux (330) par lequel il supprimait tous les gouverneurs autoritaires qui se trouvaient dominer dans certains États de Grèce, rendant ainsi à toutes les cités de son pays la pleine liberté de leurs institutions municipales. Il y avait à agir ainsi bien de l’audace et quelque imprudence, car cette manière d’unification s’opérait en somme au nom d’un pouvoir que tous en Grèce ne reconnaissaient point. L’invitation à proclamer partout des amnisties ressemblait fort à une injonction. La lecture faite durant les Jeux