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incultes de Crimée, se chercher d’avantageux débouchés sur les côtes du Pont. Quant à diriger une offensive contre la Perse ou même à s’y associer, elle marquait contre de tels projets une vive répugnance et toute l’éloquence de Démosthène s’employait, du reste, à l’en détourner.

Or, Philippe ii étant, en 360, monté sur le trône de Macédoine manifesta tout de suite l’envergure de ses desseins. Il s’appliqua à parfaire l’œuvre d’Archelaos et résolut, d’autre part, d’imposer aux États grecs l’entente dont il avait besoin pour pouvoir, en toute sécurité, tourner ses forces contre la Perse. De nombreux Hellènes tenaient les yeux fixés sur lui. Isocrate, découragé dans son espoir d’hégémonie athénienne, s’était rallié à lui. Seul Démosthène, éloquent mais de vues courtes, le dénonçait avec une âpreté et une violence croissantes comme l’ennemi de l’Hellénisme. Impatienté par cette hostilité qui rappelle celle du romain Caton à l’égard de Carthage, Philippe se décida à employer la force. La bataille de Chéronée (338) brisa toute résistance en Grèce et l’armée macédonienne passa en Asie où elle commença ses opérations. Mais elle fut rappelée en Macédoine par le meurtre du roi Philippe et l’avènement de son jeune successeur, Alexandre iv, que les siècles devaient saluer à jamais du nom d’Alexandre le Grand (336-323).

En l’honorant toutefois, la postérité l’a méconnu ; ou, du moins, n’a-t-elle pas généralement compris son caractère faute de se rappeler qu’il était monté sur le trône à vingt ans et qu’en lui, l’hérédité et l’éducation avaient déposé des germes d’une force singulière et contradictoire. Son père Philippe était un politique avisé, résolu,