Page:Pierre de Coubertin Pour ceux qui vont en Grèce.djvu/32

Cette page a été validée par deux contributeurs.
30

et qui commençait à goûter la culture hellénique, avait succédé Xercès. Jeune, beau, courtisé à la folie, enivré de sa puissance, il n’eut qu’un désir : venger Marathon en jetant sur la terre grecque une armée formidable. On évalua à un million les effectifs qu’il assembla. Les excellentes troupes iraniennes, la cavalerie surtout qui était renommée (et les Grecs n’en avaient point) se trouvèrent submergées au milieu de la cohue de mercenaires asiatiques, Éthiopiens, Lybiens qui n’avaient ni même langage, ni mêmes armes, ni même tactique de combat. Et comment parer aux difficultés d’approvisionnement de pareilles masses ? Le spectacle d’orgueil que s’offrit Xercès en assistant d’un trône de marbre érigé sur la falaise au départ de ses soldats, était — ou aurait dû être — pour lui doublé d’angoisse. Ses services d’espionnage et de corruption avaient, il est vrai, travaillé de façon à seconder la fortune. En Grèce, le péril d’Athènes n’était pas envisagé comme il eût fallu. Beaucoup n’apercevaient pas que l’Hellénisme fut menacé. Il y avait d’abord l’intérêt personnel qui empêchait de s’en rendre compte tous ceux qui vivaient du commerce égéen. Ceux là ne pensaient qu’aux répercussions d’une guerre sur la liberté des communications et le mouvement des échanges. Ensuite, les oligarchiques, dont chaque cité ou peu s’en faut comprenait des groupes plus ou moins nombreux et influents, ressentaient une certaine sympathie à l’égard des Perses lesquels, dans les îles grecques occupées par eux, s’étaient empressés de supprimer le régime populaire. Et cela en un temps où l’exemple des innovations démocratiques d’Athènes ne laissait