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gênants comme corsaires que comme soldats réguliers. » Darius, qui tenait à se venger d’Athènes, lui dépêcha son gendre Mardonius à la tête d’une flotte considérable montée par de nombreux soldats. Une tempête opportune dispersa les navires perses au large du mont Athos. Une nouvelle expédition s’organisa. La flotte ennemie cette fois passa par l’île de Naxos qu’elle soumit, s’empara d’Érétries dans l’île d’Eubée dont les habitants furent transportés en masse sur les bords du golfe Persique, comme l’avaient été ceux de Milet, et vint enfin jeter l’ancre dans la baie de Marathon conduite par un traître du nom d’Hippias. C’est dans la plaine du même nom que le 12 septembre 490, dix mille Athéniens conduits par Miltiade et auxquels s’étaient joints mille Platéens, remportèrent par leur courage et leur audace une victoire d’une faible importance technique, mais dont la portée morale fut immense, car elle déconcerta l’adversaire et changea la face du conflit. Le minime contingent envoyé par Sparte arriva le lendemain de la bataille. Les Perses se retirèrent mais il n’était pas douteux qu’ils ne revinssent bientôt, mieux préparés et plus clairvoyants. Athènes eût volontiers, dans la joie de son triomphe, négligé d’y songer. Thémistocle sut la tenir en haleine. Il ne croyait pas qu’il fut possible de forcer définitivement la victoire sur terre mais jugea que, sur mer, on pourrait vaincre. Le port du Pirée fut creusé et une flotte construite. L’exploitation des mines du Laurium fournit les capitaux ; la jeunesse surexcitée par Thémistocle s’entraîna aux exercices navals ; ce fut une fièvre.

Cependant, à Darius, souverain d’esprit élevé