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La crise de l’Hellénisme

Les États grecs avaient tous, plus ou moins, le caractère « municipal ». Ils se composaient, d’une ville, du territoire avoisinant avec quelques bourgades ou villages, d’un rivage avec un port… Un particularisme excessif, l’esprit d’indépendance et l’orgueil local, enfin des rivalités inévitables et susceptibles de provoquer parfois des querelles armées, telles étaient les conséquences de leur constitution. Quand il s’agissait de colonies lointaines, séparées les unes des autres par des espaces suffisants, ces conséquences tendaient à s’atténuer. En Grèce, au contraire, où les États étaient comme tassés les uns contre les autres, elles s’accentuaient. Les choses se compliquaient du fait que des traditions monarchiques existaient dans un certain nombre d’États où primitivement avaient régné des princes du type d’Agamemnon. Ces royautés nous sont familières, grâce à Homère, qui nous les a dépeintes dans son Iliade et son Odyssée. Au viiie siècle, elles avaient disparu laissant derrière elles des oligarchies résistantes. En effet, ce n’est pas du milieu populaire qu’elles étaient issues ; la plupart, électives ou non, avaient été l’apanage de fait de quelques familles aristocratiques qui, les trônes abattus, prétendirent continuer à gouverner. À Athènes, on les appelait les Eupatrides ou « bien nés ». Longtemps, leur coterie se maintint au pouvoir, imposant, comme dit Alfred Croiset, « un régime très fermé, très autoritaire et au total fort dur ». La bourgeoisie commerçante, dite des Paraliens