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autre que l’illustre astronome Thalès. Miltiade, Aristide, Themistocle, ces grands serviteurs de l’intérêt public furent aussi des gens d’affaires. Tout Hellène était tourné vers le commerce ; le lettré était commerçant, mais le commerçant était aussi lettré ou s’efforçait à l’être. Dans toutes les cités du littoral d’Asie mineure, le génie grec « s’était éveillé de bonne heure avec un éclat surprenant », et dès la ixme Olympiade (742), on récitait à Syracuse les chants homériques au sein des assemblées populaires. Partout mêmes goûts, mêmes habitudes d’existence, même religion humaine, même culte bilatéral des choses du corps et de celles de l’esprit. Ne devait-on pas à Olympie, la capitale du sport antique, entendre Hérodote lire un livre de son histoire et voir Aetion et Œnopide exposer l’un ses tableaux, et l’autre, ses tables astronomiques : symbole puissant de ce trépied merveilleux qui porta la civilisation hellénique et que constituèrent le sport, le civisme et l’art, de cet équilibre qu’elle sut atteindre et maintenir entre l’individu et la cité, entre le solidarisme et l’intérêt personnel.

Que dire de l’unité politique ? C’est ici la principale source d’incompréhension lorsqu’on étudie l’histoire de l’Hellénisme et il y faut bien prendre garde. D’autant que cette grande crise à laquelle nous allons arriver, que détermina l’attaque des Perses et dans laquelle l’Hellénisme faillit sombrer, perd sa véritable signification si on ne l’examine que du point de vue extérieur et sans tenir compte des éléments intérieurs qui la préparèrent et la rendirent si périlleuse.