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et végétaux mangés rituellement par les fidèles qui s’en croient issus ou protégés. À ces influences, les Hellènes résistèrent merveilleusement. Ils n’adoptèrent que des progrès matériels, tels que l’usage des bains chauds, la construction des escaliers, le tir à l’arc… ou bien des pratiques inoffensives comme le culte de la Terre-nourricière ou l’inhumation dans des sarcophages ; et ils maintinrent intégralement l’organisation aryenne de la famille d’après laquelle, sous la prépondérance de l’homme, celui-ci et son épouse composent avec les enfants un foyer harmonieux et puissant basé sur la conscience et le respect de la dignité humaine. Là aussi ils devinrent navigateurs. Dès 1200, on les vit coopérer avec les Lybiens dans une expédition contre l’Égypte. Un siècle plus tard, ils sont à Chypre. C’est vers cette époque qu’ont dû se passer les événements chantés dans l’Iliade ; ceux qui servent de trame à l’Odyssée seraient sensiblement plus récents. En ce temps, le nord-ouest de l’Asie Mineure devait être aux mains de Phrygiens apparentés à la civilisation aryenne. Le domaine de la culture chaldéenne était limité par le Taurus et le cours de l’Halys. Ces premiers Hellènes n’étaient pas tout à fait des commerçants au sens moderne de ce mot, mais plutôt des pirates, métier dont Thucydide déclare qu’il « ne comportait point de honte et même n’allait pas sans quelque gloire ». Il est probable que les chefs hellènes d’alors ressemblèrent aux Normands du temps de Charlemagne « pillant les côtes sur leurs galères et s’établissant à l’entrée des estuaires fructueux ».

Sur ces entrefaites se produisit l’intervention dite dorienne. Elle dut commencer vers 1100,