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bien des tentatives ont été faites pour compromettre la mémoire de Frédéric Le Play et confisquer ses œuvres ; il n’eut pas de parti de son vivant, il ne doit pas en avoir après sa mort.

En terminant, je veux évoquer, puisque nous sommes loin d’elle, l’image de notre patrie bien-aimée ; parmi ses enfants, il en est trop qui l’aiment d’un amour désespéré, qui ont perdu leur foi en ses destinées. Ils la voient sur le déclin de son existence parce qu’elle a derrière elle un très long passé ; ils comparent les nations aux individus et les croient condamnées à la décadence et à la destruction aussi fatalement que les hommes sont voués à la décrépitude et à la mort. Cette théorie trouve une apparence de justification dans leur instabilité. Mais ce n’est qu’une théorie ; et Le Play, ce grand ami des faits, ce grand ennemi des théories, a poursuivi celle-là victorieusement : l’histoire est faite des alternatives de prospérité et de décadence de tous les peuples, jeunes ou vieux ; et ces alternatives ne sont point fatales.

Nous donc, qui avons cette consolante pensée, c’est avec une foi ardente et non avec un courage résigné que nous pouvons prononcer les mots, qui, j’en suis sûr, sont au fond de vos cœurs comme ils sont au fond du mien :

Vive la France !