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Cela peut être habile, mieux vaut cependant la lutte franche, même quand on se trouve pris — et c’est notre cas — entre des adversaires de droite et de gauche, les uns qui voient dans nos doctrines l’opposé de celles de la révolution jacobine et les autres qui n’y voient pas ce cachet de réaction passionnée et intolérante qui les distingue. Entre les deux, croyons-nous, il y a place pour de sages réformes, basées sur l’expérience et sur l’observation ; ce sont celles dont je viens vous parler.

Donc, liberté testamentaire pour rendre à la famille la force qu’elle n’a plus. — Décentralisation pour rendre à l’État la stabilité ; il me reste à examiner les rapports sociaux, afin de voir comment on peut faire disparaître l’antagonisme qui les caractérise.


iii


Il est une vertu très noble, que les Français savent pratiquer à merveille : la charité. Je crois que peu de pays sont dignes de rivaliser avec le nôtre sous ce rapport ; mais la charité ne doit pas trouver place dans cette étude. Trop souvent on la confond avec le devoir social dont je veux parler ; il y a entre les deux de notables différences. La charité soulage, le devoir social élève ; la charité est un remède, le devoir social un préventif ; la charité aide l’homme à supporter la misère, le devoir social tend à l’empêcher d’y tomber.