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enfant trouvé et mourant célibataire ; un code qui rend tout viager, où les enfants sont un inconvénient pour le père, où toute œuvre collective et perpétuelle est interdite, où l’homme avisé est l’égoïste qui s’arrange pour avoir le moins de devoirs possible, etc… un tel code ne peut engendrer que faiblesse et petitesse. »

« Les enfants, un inconvénient pour le père… » M. Renan a bien caractérisé la chose ; en somme, nous qui reprochons à nos voisins la loi de Malthus, ne l’appliquons-nous pas dans ses conséquences les plus brutales ? Les statistiques sont bonnes à consulter ; elles montrent que le dépeuplement va grand train ; elles établissent par exemple que là où la Norvège mettrait cinquante et un ans, l’Autriche soixante-deux, l’Angleterre soixante-trois pour doubler le chiffre de leur population, il faudrait à la France trois cent trente-quatre ans. Elles démontrent que l’excédent des naissances sur les décès diminue toujours et que chaque mariage qui donnait en moyenne quatre enfants il y a quatre-vingts ans n’en donne plus que trois ; ce serait bien pis si l’on se bornait à considérer la petite bourgeoisie dont la stérilité est systématique ; la natalité n’est guère soutenue que par les ouvriers de l’agriculture et de l’industrie.

Pourquoi donc encore une fois chercher à ces faits des causes lointaines ? Le sang français n’est pas plus ancien que celui des races qui nous entourent ; et d’ailleurs comment se fait-il que les mêmes symptômes se reproduisent chez les peuples qui ont ou ont eu le régime successoral qui nous affaiblit ?