Page:Pierre de Coubertin - Universités transatlantiques, 1890.djvu/88

Cette page a été validée par deux contributeurs.
79
la nouvelle-angleterre.

Le Cambridge américain n’a rien de l’extrême beauté et du charme majestueux du Cambridge anglais, il y a bien quelques réminiscences pourtant dans les clochetons ajourés et dans le Memorial Hall, cet immense édifice, élevé par les alumni (anciens élèves) à la mémoire de leurs frères morts pour la patrie. L’intérieur comprend un vaste réfectoire, un vestibule où, sur des plaques de marbre, sont gravés les noms des nobles victimes, et un amphithéâtre. C’est grand et beau, mais cela manque un peu de parfum. Il n’y a pas de vieux lambris et les murs ne sont pas imprégnés de cette essence d’âmes qui embaume les Halls semblables, dans le « vieux pays ». Les étudiants qui viennent là trois fois par jour prendre leurs repas se sont groupés volontairement ; ils s’administrent eux-mêmes, choisissent leurs cuisiniers et leurs domestiques et se partagent les dépenses. On ne voit point sur l’estrade de places réservées aux autorités universitaires et, les jours de fête, on ne dépose point des pièces d’argenterie devant des docteurs en robes rouges. Ce n’est pourtant pas l’ancienneté qui fait défaut ; tout près du