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laquelle a survécu ?… Je vous le donne en mille, et c’est là qu’à mon sens M. Bellamy a fait preuve d’un esprit véritablement profond et perspicace. L’institution qui a survécu, c’est le service obligatoire. Nous ignorons, il est vrai, comment, de la vieille Europe, ce tout-puissant militarisme est arrivé sur le continent américain ; mais nous l’y trouvons installé et l’auteur nous fait connaître que le principe en est admis sur toute la surface du globe. Ce n’est plus le service militaire, c’est le service industriel, mais la hiérarchie et la discipline sont restées. Tout jeune homme doit être ouvrier pendant trois ans comme, de nos jours, il doit être soldat ; la présidence de la République est dans son sac d’ouvrier comme le maréchalat était dans sa giberne de soldat. À la lueur de ces faits, on reconstitue le passé : d’une part les conflits du travail, les grèves, les rébellions, de l’autre ces masses guerrières, produit d’efforts insensés, que leur puissance même, immobilise dans une paix fiévreuse et incertaine ; et alors, l’ouvrier-soldat engendrant peu à peu le soldat-ouvrier, les richesses nationales confiées à sa garde et exploitées par