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louisiane, floride, virginie.

univers, le vestibule de l’autre vie ! Un cortège funèbre s’arrête devant un long rectangle de pierre, qui disparait à moitié sous un manteau de vignes vierges. Il y en a d’autres, un peu plus loin : ce sont des catacombes en plein air. La place occupée par chaque cercueil est fermée par une plaque blanche, sur laquelle on a gravé le nom et l’âge de celui qui dort là.

Sortis de ces cimetières, nous continuons loin, très loin dans la campagne jusqu’à un vieil arbre au tronc noueux, près duquel nous nous reposons. La chaleur est extrême à cette heure de midi ; trois chevaux qui errent librement se sont arrêtés un instant pour nous regarder ; ils marchent vers une lisière d’arbres auxquels les lichens donnent une apparence fantastique ; ces lichens décolorés, presque gris, s’accrochent partout, même dans la ville ; ils s’agitent au moindre souffle comme des chinoiseries pendues là pour quelque fête déjà ancienne, et fanées maintenant. La Nouvelle-Orléans n’est plus visible ; à peine distingue-t-on ses fumées qui montent légèrement dans le ciel. Une cabane, à quelque distance, est la seule trace