Page:Pierre de Coubertin - Universités transatlantiques, 1890.djvu/257

Cette page a été validée par deux contributeurs.
248
universités transatlantiques.

les égouts en plein air sont d’infects marécages pleins de détritus. Des négresses débraillées bavardent ou s’injurient d’une porte à l’autre. Des magnolias, des palmiers, des bananiers détachent sur l’azur leur feuillage exotique.

Il n’y a pas de port proprement dit, mais un plancher interminable posé sur des pilotis et sous lequel les flots du Mississippi viennent mourir doucement. Cinq cents bateaux sont amarrés, l’arrière au quai. Ils ont amené par la voie du fleuve ces balles de coton que les navires d’Europe vont emporter. Il y en a de véritables amoncellements, d’où s’échappent des flocons blanchâtres qui flottent en l’air et couvrent le sol d’une sorte de neige. Les bateaux du Mississippi sont larges et plats ; la cargaison s’y entasse à l’air libre jusqu’au toit, qui forme terrasse et porte les logements ; la machine est à l’arrière : deux longs tuyaux noirs entre lesquels se lit, posé sur un grillage imperceptible, le nom du propriétaire ou le monogramme d’une compagnie de transports, achèvent de leur donner un aspect d’animal méchant et terrible. Rien ne vaut ici le mois de novembre pour l’animation et le pittoresque. C’est l’époque